Après avoir médité sur trois
photographies en noir et blanc, n'était-il pas temps de
souligner ici la valeur parfois irremplaçable de la couleur ?
J'ai choisi une image d'Inge et Arwed von der Ropp
représentant le paysage du cap Lunion en Grèce, avec
vue sur le Péloponnèse.
Ce qui frappe d'emblée, c'est la limpidité
de l'atmosphère, la beauté des couleurs, la finesse des
détails: La vue semble dilatée.
A l'avant-plan, de massives colonnades encadrent
l'image, sans lourdeur. Leur aspect ouvragé et les outrages du
temps sont bien soulignés par la lumière de côté.
Une ombre fraîche, portée au sol, contraste avec
l'ensoleillement cru des piliers de gauche.
Devant, à l'infini, la côte montueuse, la
mer fantastiquement belle et le ciel lumineux, légèrement
nuageux, qui chante sur les deux tiers de l'image.
D'un bleu profond, qui vire parfois au vert, la mer
s'étale à nos pieds et découpe la terre
pauvrement vêtue.
Cette photographie nous parle d'harmonie, de calme
olympien, d'immensité de l'espace et des éléments
naturels, face aux oeuvres des hommes que désculpte le temps.
La sereine contemplation du paysage se brouille à
la rencontre de l'agonie de l'oeuvre humaine, condamnée à
périr dans l'indifférence des éléments
naturels.
Il y a du tragique dans toute ruine, mais ici, la
lumière l'a souligné.