Installée dans la chaude lumière des bougies, l'image de René Jacques m'offre une gare à regarder.
L'air
semble embué, engourdi. Qu'il fait froid ! Les rails pointillent la
neige. Les trains cloués au sol attendent des jours meilleurs. Personne
dehors. La vie s'est réfugiée derrière ces vitres noyées, près des
lumières dilatées.
Ne
restons pas là à frissonner devant cette neige sculptée par le bois des
traverses et le fer étiré en belles lignes d'ombre. Rentrons dans cette
gare d'où l'on ne sort pas.
La longue passerelle s'est abaissée comme une barrière.
Mais que voit-on encore ?
Quelques
traces de pas sur un quai déserté, une horloge blafarde qui ne dit plus
son heure, un ciel gris, immobile, qui découpe les toits, d'immaculées
jetées désormais inutiles, un calme souverain qui fait vivre les
choses. Le temps commande aux hommes.
Même sous la loupe, l'horloge refuse d'avouer, les vitres gardent leur secret.
Avec plus de lumière, la neige éclaire alors le ciel comme une aube nouvelle.
Une aube ! Une aube ! Mais l'ombre nous parle d'un soleil ! La raison arrive au galop et tend ses lunettes poussiéreuses.
Préservons cette image, en soufflant les chandelles !