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Juillet 1974 - Septième étape: Port de Larrau - Col de La Pierre St
Martin
Lever
très matinal pour rejoindre en voiture le port de Larrau. Catherine a
décidé de m'accompagner. Tizou, Vivi et Vix fairont aussi un petit bout
de chemin avec nous. L'arrivée au port de Larrau est grandiose. Une mer
de nuages, dorée par les premiers rayons de soleil, s'offre à nos
regards éblouis. Tizou se jette sur sa caméra pour éterniser cette
beauté. Et Vix participe à la gaieté générale en gambadant et aboyant.
Nous
marchons pleine crête en contemplant les vallées embrumées ou la mer de
nuages. Bientôt, Vivi et Tizou nous abandonnent, gardant Vix qui
n'apprécie pas cette séparation.
Jusqu'au
port de Belhay, nous ne sommes pas certains de l'itinéraire aussi nous
marchons bon train. La borne frontière 250 et le sentier horizontal
dans la pierraille étant au rendez-vous, nous fêtons la fin de notre
incertitude par un casse croute détendu.
Au
col de Bimbalette, nous échangeons quelques mots d'espagnol avec un
berger, puis nous descendons vers le col d'Ourtayté qui domine les
spectaculaires gorges de Kakoueta. Là, un magnifique taureau nous barre
le sentier et veut nous prouver qu'il est le maître de l'important
troupeau de vaches occupant tout le col. Un contournement prudent
s'impose, le regard en biais pour surveiller le seigneur de ces lieux.
Nous adoptons l'attitude la plus humble qui soit, et, l'oreille tendue
prête à déceler une charge, les jambes au bord du galop, nous passons
dans l'indifférence des bovidés. Plusieurs soupirs de soulagement avant
de rencontrer le poste frontière espagnol. Celui-ci ne s'intéresse
qu'aux véhicules. Nous en profitons pour faire tamponner nos cartes de
franchissement de frontière avant d'avaler rapidement les lacets
goudronnés de la route qui nous mène au col de La Pierre St Martin.
Un
groupe d'enfants s'amuse à nous doubler et nous redoubler au hasard des
haltes et des raccourcis. Voici le col, et, sur une butte herbeuse
proche, nos ravitailleurs qui s'étonnent de nous voir si tôt. Nous
mangeons et buvons en nous racontant les menus évènements de la
journée. Vivi et Tizou ont rencontrés des vautours sur un poulain mort
et ont réussi à les fimer, peu rassurés.
La
fin de la journée se passe à discuter, à installer le campement. Tizou
et Vivi, escortés de Vix, escaladent le pic d'Arlas. Nous les
suivons...aux jumelles ! Vivi renonce au sommet et s'installe
confortablement en attendant le retour des deux alpinistes. Tizou nous
revient émerveillé par le pic d'Anie. Vix ne commente pas, mais à sa
façon de s'affaler, il semble penser que, tout compte fait, il aurait
mieux valu continuer la sieste qu'accompagner la grimpette de ces
bouge-toujours.
Nous
passons une très agréable soirée à discuter au milieu de notre
campement. C'est la dernière fois que nous sommes tous réunis, puisque
Tizou, Vivi et Vix rentrent demain en Dordogne.