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Août 1974 - Quatorzième étape: Refuge des Espuguettes - Refuge de
Barroude
Le
sentier qui franchit la hourquette d'Allanz monte régulièrement, ce qui
prépare les jambes à encaisser la rude descente vers le lac des
Gloriettes. Le matin est très frais, prélude d'une belle journée.
Il
y a bien des amoncellements de brouillard du côté du Vignemale mais je
m'en éloigne.
A
peine franchi la hourquette d'Allanz, je suis tiré de mon observation
du couloir de Tuquerouye par deux sifflements inconnus. Je pense au cri
du merle, mais c'est plus puissant et plus triste. Tout à coup, à une
cinquantaine de mètres au dessous de moi, j'aperçois des marmottes qui
ne tardent pas à disparaître. C'est mon premier contact avec ces petits
animaux craintifs. Je garderai longtemps le souvenir de ce cri plaintif
fusant dans le silence du matin.
Le
lac des Gloriettes, quoique artificiel, égaye cette longue descente.
Ensuite, le bitume m'escorte jusqu'après Héas où un sentier vient me
délivrer.
La
montée jusqu'à la hourquette de Héas est assez monotone aussi je me
distrais en m'appliquant à rattraper des promeneurs qui ont une bonne
heure d'avance sur moi.
La
traversée vers la hourquette de Chermentas permet de contempler le
massif de la Géla dont les flancs sont couverts de pierrailles grises.
Le sentier longe ensuite les impressionnantes murailles de Barroude.
Dans la vallée, je distingue un autre sentier qui grimpe courageusement
vers le refuge de Barroude, but de cette étape. Circulant à flanc, je
me sens privilégié.
Voici
enfin le refuge non gardé du parc national des Pyrénées qui domine les
lacs de Barroude. Une cordée approche d'un sommet sous la surveillance
aux jumelles de leurs copains . Catherine n'étant pas encore arrivée,
je mange un brin et pars me reposer au dortoir, où l'on grimpe par une
planche verticale perçée de trous pour les pieds, escalier original et
peu encombrant !
Les
matelas sont confortables à souhait, mais l'incessant va et vient
m'empêche d'en profiter pleinement.
Catherine
arrive, deux heures après, contente de se retrouver en montagne. Nous
allons déjeuner ensemble, tout au bord du lac, avant de reconnaître un
peu le parcours du lendemain.
Un
guide de haute montagne, de passage au refuge, m'avertit que Viados est
très loin d'ici, mais apprenant que je viens du refuge des Espuguettes,
il croit que l'étape est à ma portée. Me voilà préparé aux efforts à
venir !
Catherine
ne doit me retrouver que deux jours plus tard au refuge du Portillon,
aussi m'a t'elle porté des provisions en quantité. Le sac en pèse
d'autant plus lourd !
Deux
grosses étapes, entièrement inconnues, me seront nécessaires pour la
rejoindre. Pourvu que le beau temps soit de la partie !